Si je vous disais que vous êtes lié d’une certaine manière à Scarlett Johansson ou à George W. Bush, et même au Dalaï-lama, vous me croyez ? Jetons un œil à cette théorie qui laisse rêveur.
J’en connais du monde, moi !
Cette théorie, qui a fait son apparition en 1929 de l’imagination et de la réflexion du Hongrois Frigyes Karinthy, pose le principe « que toute personne du globe peut être reliée à n’importe quelle autre, au travers d’une chaîne de relations individuelles comprenant au plus cinq autres maillons ».
Je m’explique : vous connaissez quelqu’un, qui connait quelqu’un, qui connait quelqu’un, qui connait quelqu’un, qui connait quelqu’un qui connait personnellement Scarlett Johansson (ma femme, quoi). En gros, en utilisant 5 individus, l’un d’entre eux étant une connaissance personnelle de l’autre, vous reliez toutes les personnes du globe en une chaîne de maximum 5 maillons.
Avec le développement des réseaux sociaux et de l’Internet, Facebook a mesuré un degré de séparation de 4,74 en moyenne (notez le bout de chaîne, qui est un humain à qui il manque 26% du corps .. C’est précis les statistiques !)
Maintenant que j’ai votre attention, on passe à la théorie !
Recherche, expérimentation et observations
Ce sont les avancées technologies en terme de communication et de voyage qui persuada Karinthy, que malgré le nombre grandissant de personnes sur Terre, notre monde « rétrécissait », étant donné la connectivité de plus en plus grande des humains. L’idée poursuit son bout de chemin quand en 1967, le psycho-sociologue Stanley Milgram pose l’idée du « petit monde » et lance sa première expérience, qui est la suivante :
Milgram envoie 60 lettres à des recrues de la ville d’Omaha dans le Nebraska, à qui il demande de faire suivre une lettre à un agent de change dans la ville de Sharon, dans le Massachusetts. Pour ce faire, il n’ont le droit de la passer de main à main qu’à des connaissances personnelles.
L’expérience ne fut pas un franc succès, dans la mesure où même si une lettre n’avait mis que 4 jours à arriver, seulement 5% des lettres arrivèrent à destination.
Un très grand nombre de paramètres rentrent en compte dans ce genre d’expérience : les conditions sociales et les groupes ethniques des personnes, les différences entre les larges populations et les groupes restreints, les « connecteurs » (des personnes possédant un large réseau d’amis et de contact), la complexité d’établir la chaîne.
Certains milieux sont plus fortement liés, notamment le milieu du cinéma. Un degré spécial a même été crée : le « Bacon Number » (ou nombre de Bacon), qui lie chaque acteur à Kevin Bacon. Ce nombre a même son algorithme !
- Le Bacon Number de Kevin Bacon lui-même est 0
- Le Bacon Number d’un acteur A ayant tourné directement avec Kevin Bacon est 1
- Si le plus petit Bacon Number d’un acteur avec qui A a tourné est N, le Bacon number de A est N + 1
Par exemple :
- Meryl Streep a joué avec Bacon dans La Rivière sauvage : son Bacon Number est 1 ;
- Al Pacino a tourné avec Robert De Niro dans Heat ;
- De Niro a tourné avec Bacon dans Sleepers : le Bacon Number de Pacino est 2 ;
- etc.
D’après le site The Oracle of Bacon, une base de données permettant en un clic de relier un acteur à Kevin Bacon, le plus grand Bacon number est 9.
Applications
Le potentiel d’une telle chaîne est encore insoupçonné en terme commercial. Il vous suffit juste de pousser vos recherches pour trouver le bon réseau qui vous mènera à n’importe quel prospect. La difficulté étant bien entendu de lier la chaîne et que votre offre intéresse le maillon final, mais l’impact psychologique est immense en se disant que vous pouvez potentiellement intéresser n’importe qui sur celle planète !
Cette théorie à déjà des applications concrètes dans le domaine de la sécurité (la société Detica possède des outils se basant sur cette théorie pour la détection des fraudes et lutter contre le crime organisé) ou dans le domaine des réseaux sociaux, avec KSN, un outil de la société KXEN.
Humainement, cette théorie permet de se dire que malgré toutes les différences (sociales, géographiques, ethniques, religieuses, …), et bien, dans le fond, on se connait un peu tous !